Qui sommes-nous et comment sommes nous nés ou 25 ans de création et d'amitié

Ce texte est un condensé des deux discours qui ont été prononcés lors des fêtes des auteurs d’octobre 2003 - 20 ans d'activité - et de novembre 2008 où les auteurs se sont réunis pour commémorer les 25 ans d'activité, il nous a semblé intéressant de vous le présenter ici car il résume bien notre activité et notre état d'esprit

Tout a commencé fin 1983 lorsque Maurice Clément et Monique Pimpernelle décidèrent de quitter la région parisienne pour le sud-ouest. En septembre exactement, Philippe Andrillon président de "Radio Comminges", (une de ces toutes nouvelles radios libres nées de la loi de 1982) invite Maurice à venir à la radio se présenter avec sa guitare, en toute simplicité comme cela ce passait fréquemment sur ces petites radios.

Il n'en fallait pas plus pour se rendre compte qu'un grand bavard venait de prendre le micro sous les questions de Philippe Andrillon. À la fin de la (longue) soirée de direct le Président de la radio demandait à Maurice d'animer une émission hebdomadaire sur un thème de son choix.

C'est ainsi que dès fin 1983 naissait la toute première émission de ce qui allait être une longue aventure : "Hors des sentiers battus&" succession d'interviews de toutes les personnes et associations faisant dans le Comminges et le grand Sud-Ouest quelques chose "Hors des sentiers battus".

Mais pendant ce temps d'autres animateurs de Radio Comminges créaient aussi : Pascal Veyssi animait une émission de contes et légendes du monde et Andrée Bassal traitait de sujets sociaux et environnementaux. Intéressé par ces domaines, Pascal contacta Andrée et ils convinrent de travailler ensemble. Ainsi naquit : "Un autre regard sur le monde". On peut dire que c'est de cette façon que démarra "le trio de départ".

Parallèlement le besoin important des radios locales en programmes était considérable, la loi avait donné la parole à tous et c'était bien, mais force était de constater que le professionnalisme manquait. Ceci entraîna à l'époque un souhait des radios d'échanger leurs meilleurs programmes. C'est ainsi que Maurice échangea tout d'abord "Hors des sentiers battus" avec quelques radios voisines et Pascal et Andrée "Un autre regard sur le monde" avec des radios Toulousaines (dont Occitania toujours fidèle amie).

Mais comment financer tout cela, car jusqu'ici il n'était question que de loisirs et de passion ?

Maurice qui, ne l'oublions pas est avant tout musicien avait eu l'idée de composer lui-même le générique de son émission et signalé "à tout hasard" la diffusion hebdomadaire à la SACEM. Il était évident que les radios locales ne payaient pas grand chose à cette société d'auteurs, n'ayant que de très petits budgets, mais qu'est-ce qu'il risquait ?

C'est pourquoi quand, un an et demi plus tard il reçu ses premiers droits d'auteurs il comprit qu'il avait mis le doigt sur une piste importante.

À peu près à la même époque une autre société d'auteurs, la SCAM, avait fait passer l'information dans les radios qu'il était possible de percevoir des droits sur certains types d'émissions (littéraires, documentaires...) Aussitôt (ou presque) Andrée, Pascal et Maurice adhérent à cette société, bientôt suivis par le "quatrième mousquetaire" Cathy Darolles, également animatrice de Radio Comminges avec "Domino, une émission destinée à l'éveil musical des enfants.

L'espoir que quelques "piécettes" tombent dans leur escarcelle afin de compenser une petite partie des frais de réalisation de leurs émissions est né grâce à ces deux sociétés d'auteurs.

Ce qu'aucun ne savait à l'époque c'est qu'il ne s'agirait pas de simples piécettes et qu'un avenir de création se dessinait pour tous ceux qui serait assez fous pour y croire.

Le moyen de financer cette activité non professionnelle (ou para-professionnelle) venait d'être trouvé : les droits d'auteurs. Certes il y a là une anomalie de fonctionnement, en principe c'est la station de radio qui paye son personnel ou achète le programme à un producteur ; les droits d'auteurs ne viennent qu'après et en plus, "c'est la cerise sur le gâteau" comme nous disait un responsable de la SCAM. Mais comment une petite radio locale pourrait acheter des programmes ?

Pour information le budget d'une année de fonctionnement d'une radio associative de province correspond à celui de 2 à 5 heures de programme de Radio France !

C'était donc ça ou rien. Ou encore la publicité ou le mécénat de tel ou tel groupe (politique, religieux, commercial,...) mais dans ce cas adieu la liberté !

Le choix a donc été fait, à nos risques et périls. Ça devait, sinon être le bon, en tout cas ne pas être le mauvais puisque nous passons le cap des 25 ans !

Parallèlement le besoin de publier des cassettes, puis des CD se faisait sentir ; Maurice avait bien essayé en 1985 de sortir son premier titre "La lumière sur le chemin" mais il avait alors connu la galère que connaissent presque tous les auteurs qui essaient de s'auto-produire (plusieurs d'entre vous se reconnaîtront immédiatement). Aussi la nécessité de créer une structure commerciale devenait de plus en plus évidente. C'est ce qui donnera un peu plus tard naissance à Sonothèque-Média.

En 1987 nous étions donc 4 : Pascal Veyssi, Andrée Bassal, Cathy Darolles et Maurice Clément-Faivre, tous animateurs bénévoles sur Radio Comminges et tous diffusés sur quelques autres stations du Sud-Ouest. Quand un jour de Décembre l'un de nous arrive pour animer son émission hebdomadaire et trouve porte close et scellées d'huissier !

La radio était morte sans que nous ayons vraiment été averti de l'ampleur de ses difficultés économiques. Nous nous trouvions donc dans une situation assez délirante : nous échangions des programmes avec d'autres radios, nous n'avions plus de radio et nous étions diffusés sur les radios des autres !

Que restait-il a faire ? Abandonner ? Demander une nouvelle fréquence à la Haute Autorité (le CSA de l'époque) et créer notre propre radio ?

Ou encore produire des programmes pour les radios amies qui nous diffusaient sans nous soucier de créer une nouvelle station avec toutes les contraintes que cela aurait amené.

C'est cette dernière solution qui a été choisie donc début 1988. C'est pendant ces années (1983 à 1987) qu'est vraiment né le groupe d'auteurs et l'esprit de solidarité et d'amitié qui l'anime.

Comme nous l'écrivions plus haut, c'est au même moment que le besoin de produire des cassettes destinées au public ce fit sentir. La structure commerciale Croissance-Formation/Sonothèque-Média était donc créée parallèlement par Olivier Nunge, Simonne Mortera et Maurice Clément-Faivre. Elle ouvre le 1er janvier 1988.

Elle pouvait produire des cassettes et CD, éditer des livres et aider la réalisation de programmes radiophoniques. En général d'ailleurs, la même création prenait les trois formes. Sans compter les formations, conférences, séminaires etc.

Sonothèque-Média et nous avons travaillé la main dans la main pendant de nombreuses années. Depuis 2008 cette société nous a confié sous licence l'exploitation de son catalogue maintenant largement distribué à côté du notre et de celui de Séminaires Résonance dans les librairies spécialisées, les disquaires et les Fnacs.

Comme vous le voyez, en 25 ans pas mal de chemin a été parcouru.

À partir de 1990 de plus en plus d'auteurs nous ont rejoint et de plus en plus de programmes sont réalisés, cette fois directement conçus pour une diffusion en différé sur l'ensemble de la francophonie.

Cette manière de faire va transformer notre conception des émissions, en effet partant d'un direct "aménagé" nous allons vers des programmes très construit, des contes "à suite..." (Contes des bois et des collines), des feuilletons (Enquêtes en toute discrétion) des documentaires extensifs (Sur les chemins de St Jacques ou Sportez-vous bien ont 72 modules de 10mn !) des comédies musicales (Allo, la Terre). Il est possible de traiter des sujets en profondeur.

La multidiffusion nous permet d'oser rencontrer des personnes célèbres, de rayonnement national ou international (Alfred Tomatis, Françoise Mézières, Thérèse Bertherat, Jacques Salomé, Éric Pénicaud, Arnaud Dumont...) que nous n'aurions jamais invités pour une seule diffusion sur une seule petite radio.

Elle permet aussi d'augmenter le budget disponible et de faire un travail de meilleure qualité. Nous vous disions plus haut qu'une petite radio vit avec l'équivalent du budget de 2 à 5 heures de programme de Radio France. Vous pouvez traduire : quelques euros de l'heure pour la création sur une radio locale privée, quelques dizaines de milliers d'euros pour France Culture. Nous nous situons dans une zone intermédiaire et ceci en toute indépendance de tout mouvement confessionnel, politique ou commercial.

Une liberté pas toujours facile à vivre sur le plan économique, mais vive la liberté !

En 1991 intervient un changement matériel et juridique destiné à améliorer encore notre efficacité, c'est à ce moment que l'enseigne "Créations Artistiques Maurice Clément-Faivre" voit le jour et c'est à cette époque que nous allons prendre une envergure réellement nationale.

C'est l'émission "Contes de Noël" de Monique Pimpernelle et Cathy Darolles qui va en marquer le coup d'envoi. En Octobre 1991 nous faisons un nouveau courrier de prospection auprès des radios "libres" (très nombreuses encore à cette époque) et nous obtenons 243 commandes de l'émission en 3 semaines ! Ceci aura pour conséquence de perturber quelque peu le fonctionnement des répartitions de droits d'auteurs auprès de nos sociétés d'auteurs. Mais le problème fut rapidement réglé avec ces organismes dont le but est de soutenir les auteurs et chez qui nous avons trouvé des gens de dialogue. C'est bien ainsi car la SACEM (musique), la SCAM (documentaires, littérature) et la SACD (fictions dramatisées) sont nos principaux partenaires et les seules sources d'argent pour nos auteurs.

Cette période va marquer le début d'une intense production de la part d'un nombre de plus en plus important d'auteurs. Certains ne feront qu'un bref passage chez nous, d'autres deviendront des "fidèles" toujours avec nous à ce jour. Aujourd'hui nous sommes 47 ! Et ce nombre augmente constamment

Depuis 25 ans donc nous réalisons des programmes radiophoniques. Oui, mais pour qui ?

La question est d'importance car sans auditeurs et sans radios notre activité n'aurait aucun sens.

Au début la réponse était simple, nous faisions du direct sur "Radio Comminges" (1983/87) donc nous connaissions la radio et nous pouvions rencontrer nos auditeurs dans la rue. Quand nous avons commencé à être diffusés sur d'autres radios, nous rencontrions encore les responsables des stations, nous étions encore des voisins.

Mais en grandissant nous risquions de perdre ce contact, de ne plus avoir que des "clients". Nous n'avons jamais souhaité fonctionner de cette manière , nous avons toujours essayé de réaliser avec les radios avec qui nous travaillons un véritable partenariat. Même si, bien entendu, cela n'a pas été possible avec toutes les radios qui ont diffusé un ou plusieurs de nos programmes, il faut noter que dans l'ensemble c'est bien cette relation de partenariat, de confiance mutuelle, de complémentarité qui domine.

En conséquence il n'est pas surprenant que nous souhaitions rendre hommage ici et remercier nos plus fidèles partenaires. Nous avons hésité à énumérer dans ces colonnes tous ces partenaires, car en omettre un serait presque une insulte, mais au fil des années plus de 500 stations ont diffusé l'un ou l'autre de nos programmes. La liste serait longue et fastidieuse.

Il est cependant nécessaire de citer Présence Pyrénées St Gaudens (31), Val Pireneos à Cierp-Gaud (31) et Atomic FM à Loures-Barousse (65), nos trois voisins les plus proches qui font mentir l'adage "on n'est jamais prophète en son pays", Radio Craponne (43) d'où nous vient notre auteur Patrick Vigouroux, La voix du Béarn, Radio Bonne Humeur et Radio Pau d'Ousse (64), Amitié Vesoul (70), Dreyekland (68), Oméga (25), Parole de vie (35), Zema (48), Radio Asso et Radio d'Oc (82), Radios Présence Figeac et Cahors (46) Radio centre social et Radio Cadence Musique (17), Radio Lacaune (81) Radio Contact et Maguelone (11), Inter Val (30), Plaisance, Périgueux, Vallée de l'Ilse et Vallée Vézère (24), MDM et d'Artagnan (32), Occitania, Galaxie et Axe Sud (31) Présence Lourdes (65) Fréquence Soleil (974) Radios Mont Aiguille et Grésivaudan (38) RCF 63, RCF 19, Mélodie (33), Bulle (47), La Locale (09) Radio Vassivière (23). Merci à toutes ces radios qui diffusent abondamment nos émissions et à toutes les autres, grâce à qui nous trouvons à la fois audience, sens, raison d'être et droits d'auteurs et nos excuses à celles, nombreuses, que nous n'avons pas nommées.

Depuis quelques année la montée en force d'internet a entraîné la naissance de radios "web" ainsi que du téléchargement légal de fichiers sonores. Bien entendu nous n'avons pas laissé passer ces nouveaux modes de diffusion.

Nous sommes donc abondamment diffusé sur internet, aussi bien sur des radio totalement "web" (http://www.frequence-retro.fr), sur des radios émettant simultanément sur internet et sur les ondes (atomic FM) ou encore en téléchargement (les liens de téléchargement sont actifs sur chacun de nos titres sur notre site internet).

Justement, ce site internet, parlons-en. Ça a été une des grosses et importantes créations de ces dernières années. À la fois pour nous faire connaître, pour proposer une vente en ligne de nos CD (avec possibilité de pré écoute), une vente en téléchargement des mêmes titres, un catalogue de nos émissions pour les radios.

Ce site a coûté une petite fortune entre les visuels (très important), le webmaster (incontournable) et le temps passé (incalculable) mais une aide importante nous a été attribuée par la SACEM. Ceci nous a permit de ne pas lésiner et de réaliser un site pour lequel nous recevons régulièrement des compliments.

Enfin voici plus de 25 ans que nous faisons des créations radiophoniques, cela veut dire que nous avons "tenu le coup".

À quoi le devons-nous ?

D'abord à la solidarité qui nous a toujours aidé dans les épreuves (et il y en a eu en 25 ans) mais qui nous a aussi permit de partager de bons moments, de partager la joie des réussites.

Ensuite, à notre acceptation à nous remettre en question, à l'accueil que chacun de nous a fait des critiques, suggestions et commentaires des radios et de leurs auditeurs afin d'améliorer sans cesse la qualité de nos programmes.

À notre bonne compréhension du système de fonctionnement des sociétés d'auteurs aussi bien qu'à celui des radios locales (et qui sait s'il sont différents !)

À notre refus de nous éloigner de nos valeurs fondamentales : respect de toutes les cultures, de toutes les religions, bannissement de tout aspect sexiste ou raciste, refus de "polémiquer", indépendance face à tout pouvoir ou toute institution, en un mot "humanisme".

Enfin à notre refus absolu de "perdre notre âme", de suivre les effets de mode, de faire dans le sensationnel ou le superficiel.

Cette politique doit avoir de bons côtés puisque depuis ces 5 dernières années nous avons accueilli de nombreux nouveaux auteurs. Pour beaucoup ceux-ci nous sont envoyés par des radios partenaires, ce qui fait que nous renouons avec l'esprit du début (échange de programmes) alors que nous n'avons pas de radio à nous. C'est un sympathique retour des choses. Ceci permet à des auteurs locaux ou régionaux de trouver enfin une diffusion d'envergure nationale.

Les projets pour l'avenir maintenant...

Tout d'abord continuer la production de programmes toujours plus élaborés, toujours plus qualitatifs. Ensuite, développer le téléchargementde nos titres : adieux les supports CD, bonjours les octets !

Mais assez parlé ce soir. Maintenant : que la fête commence !


Maurice Clément-Faivre